—
Avec Magali Mélin, peintures
Poésie
éditions Dernier Télégramme – 2022
72 pages – couleur – 13€ – isbn : 979-10-97146-45-0
Adaptation en édition courante du livre d’artiste du même nom créé en 2013 à la demande de la galerie l’Oujopo, de Lyon.
Cette nouvelle version, entièrement remaniée par rapport à celle parue à l’époque au éditions le Pédalo Ivre, contient un cahier d’illustrations en couleurs ainsi qu’un long texte final inédit augmenté de poèmes.
—
Extrait
[…] ils demandent la montagne la fille toi ils ne te connaissaient pas ils sont curieux la montagne la fille c’est normal ils sont là dans le grand jardin le soir rouge sous les cèdres bleus les bougies rouges il y a les photophores il y a tout le monde on est chez le chanteur on n’est qu’avec des amis on parle il y a des soirées faites pour ça dans le jardin avec juste la lumière des bougies qui flotte chaude sur les visages dans la pénombre on est chez le chanteur avec les amis et les soirées on discute on discute sans relâcher dans la douceur du sud et de l’été parce qu’on est bien parce qu’on aime se voir on est là les visages sont couverts du voile vacillant des bougies et une amie demande la fille à la montagne juste avant chez le chanteur et on ne sait pas quoi répondre parce qu’on ne peut pas mentir et qu’on ne peut pas dire la vérité parce que c’est trop dur la vérité et qu’on sait que personne ne va comprendre on ne comprend pas soi-même la solitude l’amour qui ne marche jamais le ventre qui dit des choses que personne n’entend la répétition la répétition la répétition alors on répond quand même mais on n’a pas envie on répond à regret on dit quelque chose qui n’est pas mentir mais qui n’est pas dire la vérité non plus on répond on répond de loin en regardant les bougies et on s’engloutit dans ce feu qui danse dehors qui flotte dans la nuit toujours sur le point de mourir en tremblant dans le vent léger toujours sur le point de le feu mais qui ne meurt jamais et on s’engloutit dedans ce feu et il n’y a que ça qui fasse du bien à ce moment-là. On se laisse aspirer on s’enveloppe du feu en le regardant danser sur les visages des amis et on répond de loin on répond de très loin du plus loin qu’on peut à regret à l’amie on lui répond quelque chose qui ne dit pas quelque chose qui ne dit rien juste quelque chose qui dit que quelque chose s’est pas passé bien et que c’est la vie de toute façon toi elle te connaît pas l’amie elle dit juste la fille quand elle parle de toi mais elle comprend à peu près quand on veut pas en parler elle comprend à peu près oui à peu près vite qu’il faut pas insister alors quand elle a eu deux trois réponses qui disent à peu près rien elle se tait l’amie elle a compris elle coupe le lien de la discussion qui l’a fait sortir un instant du cercle des visages dansant autour de la table et elle retourne dans l’obscurité orangée et la soirée se poursuit et c’est une bonne soirée c’est vraiment une bonne soirée sous les cèdres chez le chanteur à la lueur des bougies rouges […]
Le livre sur le site de l’éditeur, ici.
Le travail de Magali Mélin, là.
Une critique du livre, version 2013, sur le blog de la poète et romancière Paola Pigani, ici.
Une critique du livre, version 2022, de Guillaume Lecaplain sur le site du journal Libération, ici.